Le vendredi saint, l'engagement total d'un Dieu dans l'histoire humaine
- Christian Dubuis-Santini

- 26 nov.
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Le vendredi saint, l'engagement total d'un Dieu dans l'histoire humaine culmine avec cette image du Christ comme un dieu souffrant et mourant dans le supplice.
Ce qui meurt sur la croix, comme le note Hegel, ce n'est pas un « représentant » de Dieu, mais « le Dieu de l'au-delà lui-même ».
Dès lors, il ne saurait plus y avoir de Divinité qui depuis son au-delà tire les ficelles de notre destinée (le christianisme étant la religion de l'athéisme par excellence) et si Lacan transforme la formule de Nietzsche « Dieu est mort » par « Dieu est inconscient » c'est pour nous faire entendre où se situe désormais la responsabilité qui est la nôtre après le retrait du Dieu: nulle part ailleurs que dans l'immanence radicale de notre Dire.
L’une des manières d’entendre la formule lacanienne selon laquelle le langage, avant de signifier quelque chose, signifie toujours d’abord pour quelqu'un...
Aujourd’hui plus que jamais nous incombe-t-il de reconnaître le noyau émancipateur du christianisme historique, en tant qu’il y a un rapport des plus étroits entre le Saint-Esprit et la pulsion de mort freudienne.
Si au célèbre "Gott ist tot" Lacan substitue sa formulation « Dieu est inconscient », ce n'est pas pour modérer l'impact de la déclaration nietzschéenne, au contraire, c'est de la logique, la mort du Christ est strictement indissociable de son autre côté : l'immortalisation du corps ("Christ n'est pas mort") qui signale que « quelque chose" dans le corps humain est plus que le corps humain, un objet partiel, non-mort, obscène... l’objet a.
Quand Paul (Romains VII, 4) dit que les chrétiens meurent à la loi (juive) à travers le corps du Christ, il convient de s'arrêter sur ce paradoxe: la loi a été surmontée par ce qui est étroitement lié au péché parmi les hommes, car le site de cette lutte - et son surmontement - n'est pas la loi mais bien ...le corps.
J’appelle christianisme le corps doctrinal qui considère l’avènement christique dans sa stricte perspective théologale.
Si la résurrection est le point saillant du christianisme, cela ne veut pas dire que le Christ se soit réincarné dans un autre corps, c'est là précisément qu'intervient le troisième terme, le terme médian, de la trinité chrétienne: la notion de Saint-Esprit, .
Le Saint-Esprit, c'est un nom pour la vie au-delà de la vie, par delà le cycle biologique de la génération et de la corruption, le Saint-Esprit n'est rien d'autre que la permanence de l'ordre symbolique lui-même, là où nous sommes toujours, en tant que « parlêtres », déjà transubstantialisés en sujet.
Or le Saint-Esprit désigne aussi la « communauté des croyants », en d'autres termes le (nouveau) lien social (Noël) naissant de l'Autre (l'ordre symbolique) après l'avènement christique.

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